Une femme sur trois
après la présentation du livre de Nathalie Carron Une femme sur trois, au Remue-Méninges le 27 janvier
Les fesses plus hautes
soufflez fort, mettez
les poings sous vos fesses
ah la la quel joli col
le plus joli de toute
ma carrière
allez allez c'est fini
Rhabillez-vous c'est
pour bientôt c'est pour
jamais c'est bientôt fini
c'est pour jamais
c'est pour jamais
dans les couloirs de
la solitude tu
attendras avec ta peur
quelle bonne compagne
tu préfères quoi
le désespoir est plus
collant tu devrais
te méfier
tu remplis les papiers
la main dans le brouillard
tu ne vois plus l'extrémité
de ta main
elle s'enfonce
dans la page
ils ont même réussi
à t'anesthésier
de l'intérieur
tu n'entends que
leurs voix sèches
qui t'encerclent
de leurs ondes troubles
alors que tu as besoin
du timbre net
de la fraternité humaine
tu l'attrapes au vol
dans le geste tendre d'une infirmière qui
ramasse ta culotte tombée à terre
alors tu n'es pas complètement
exclue du monde
tu peux encore penser que
c'est juste un mauvais moment
à passer tu resteras avec ces
images brusques et ces voix râpées
par les convictions binaires
qui t'engagent pour la vie entière
tu ferais comment
à peine une chambre à toi
s'il était là encore tu pourrais
penser que quelque chose peut
naître de tout ça une force nouvelle
commune à vous deux
tu pourrais souffler dessus pour
la faire grandir la petite étincelle
finira par prendre
elle enlèverait les pieds des étriers glacés