The Bold, The Bound, The Brittle

                                        (La Téméraire, la Coincée, la Fragile)

Une chorégraphie de Jelena Kostic, performance dansée le vendredi 19 Mai 2017 dans la salle des Pendus du Musée de la Mine de Saint Etienne, dans le cadre du Festival Des Arts Des Cinés

 

                                           Le ring n'est pas rond

un texte écrit au rebond après avoir vu la représentation 

 

vous

debout

avancez

devant moi

plus près

c'est ça

comme ça

plus un mot

vous vous voyez ?

vous voyez

à quoi vous ressemblez ?

avancez encore

non pas comme ça

comme ça

c'est ça

reculez maintenant

non pas plus que ça

c'est ça c'est bien

non plus un geste

attendez un peu

recommencez

avancez

vous vous voyez ?

vous voyez ? 

à quoi vous ressemblez ?

écartez les bras

non pas comme ça

comme ça c'est ça

vous savez le faire

non pas comme ça

comme ça c'est ça

vous savez le faire

non pas comme ça

encore

plus haut

la tête

c'est ça

tournez

regardez-vous

vous voyez à quoi

vous ressemblez ?

vous croyez que

vous êtes une femme ?

tournez encore

plus vite

non pas comme ça

comme ça

avancez

plus vite

ici

reculez maintenant

avancez

vous vous voyez ?

vous voyez à quoi

vous ressemblez ?

c'est ça

être une femme ?

toute seule

debout

un pas encore

devant moi

écartez les lèvres

non pas comme ça

comme ça

non pas ça

avancez

reculez

montez sur l'autre

oui l'autre

oui comme ça

non pas comme ça

ouvrez cette bouche

je vous dis

ouvrez cette bouche

devant moi

oui comme ça

non pas comme ça

comme ça

oui comme ça

montez je vous dis

tenez la

comme ça

plus près

encore

mieux c'est ça

non c'est pas ça

oui c'est ça c'est vraiment ça

avancez

maintenant

plus haut

plus haut je vous dis

tenez là

plus fort

regardez je vous dis

vous vous voyez ?

toutes les deux comme ça ?

plus grand la bouche

tournez avec elle

plus vite

avancez

reculez

je vous dis

ouvrez cette bouche

enfin combien de fois

il faut que je vous le dise

il faut vous le dire comment

avancez

reculez

je vous dis

ouvrez cette bouche

enfin combien de fois

il faut que je vous le dise

il faut vous le dire comment

avancez  reculez

non pas comme ça c'est ça

plus vite retournez-vous

retournez-vous

ne vous regardez plus

ne vous regardez plus

c'est ça être une femme ?

vous vous êtes vues ?



par terre

tu rampes

t'agrippes

retrouves

une forme

un sac une robe

un tissu informe

l'enfiler par devant

par derrière la peau

qui tremble

c'est toi ça le sac

cette robe ce tissu

informe

cette forme

par terre

c'est toi ça

et toi tu rampes

t'agrippes

te relèves d'un coup

la peau

qui bat sous ta main

par saccades

tu te relèves

d'un coup

cette forme

debout 

c'est toi

ce sac

devant derrière

un mot en tête

plus de mot

juste un

relève-toi

c'est toi

 

ce sac

cette forme

par terre

debout

recule

mieux

avance

ce sac

dans ta main

comme du sable

qui s'effriterait sous les pieds

un mot

pas plus

juste un

ce sac

ce tissu informe

la peau qui tremble

avance

debout

ici

comme ça

tu rampes

glisses

balances

le corps les bras

juste un mot

pas plus

un mot qui

ne dit rien

qui ne dit mot

consent

qui ne dit rien

ne dit rien

ce sac c'est toi

au milieu 

du vide

par terre

tu rampes

debout

tu ne dis rien

tu parles

c'est tout ce que tu sais faire

ici maintenant

agrippe ce que tu peux

ce sac

ce tissu informe

tu vaux pas plus

regarde-toi

tas de tissus

gros tas

sac vide

sac d'os

tissu informe

tu n'as pas de visage

pas de mot

juste un

ah oui

juste un

sous les pieds

comme du sable

qui s'infiltre

sous ta peau

sac d'os

sac informe

par terre

debout

la peau qui bat

t'informe

de ta forme

de rien



vous vous êtes

assemblées

comme les pièces

d'un même puzzle

on dirait des coquillages

accrochés à un rocher

tu t'agrippes

plus fort

passe dessous

plus bas

plus fort

vous vous serrez

un peu plus

fort

la présence de la peau

sur la peau

ça vibre c'est fort

serrez encore

la présence

à deux c'est plus fort

le bras

sous la hanche

le grain de peau

ça vibre

c'est chaud

plus bas

comme des coquillages

sur un rocher

c'est bon c'est fort

c'est doux serrez

le pied sa courbure

passez dessous

l'un sur l'autre

plus fort

 

serrez encore

plus fort

ça tient bon

c'est fort

ça réchauffe ça étouffe ça colle

on dirait deux coquillages

sur un même rocher

accrochés

accrochés

décrochés ça serre

étouffe

empêche résiste

colle comme deux coquillages

sur un même rocher

on ne peut plus

on ne peut pas

continuer comme ça

la peau vibre

s'hérisse

d'insupportable

c'est insupportable

cette peau qui vibre

ce n'est pas la tienne

c'est celle de l'autre

qui s'agrippe

s'assemble à la place

où est ma place

cette peau

insupportable

celle de l'autre

ma place à moi

ma peau

dans ma peau

seule



le corps

debout

seul

juste un corps

un seul

d'une seule

la peau qui tremble

qui vibre

non qui tremble

à nu

on n'est qu'un corps

une machine à être

debout

rien qu'un corps

on n'est qu'un

que un

que la peau

qui tremble

non qui vibre

qui tremble

devant

derrière

la peau qui s'étire

un bras

nu

un sein

un vide

seule 

debout

un corps

qui

vibre

non qui tremble

un souffle

un

rien

un souffle

un

rien

un

qui tremble

non qui vibre

qui tremble

un

un corps

debout

qui debout

une machine à être

un

rien

souffle

souffle

que la peau

qui souffle

non qui tremble

un corps

sa peau

son souffle

qui vibre

non qui tremble

un corps

sa peau

son souffle

qui vibre

non qui tremble

debout 

debout

debout 

debout

debout

debout