HABITER LA HAUTEUR

 

 Habiter la hauteur est un texte poétique à plusieurs voix que j’ai écrit pour garder trace. Trace de mémoires et de vécus. Une poésie écrite par flash en quelque sorte. Une tentative de Flash-poetry, si l’on voulait inventer un genre…

Comme un souvenir d’enfance qui nous revient à la mémoire soudainement et qui éclaire notre esprit de sa lumière vive. L’effet de présence est tel que notre quotidien s’arrête soudainement. Notre vie intérieure a aussi ses à-coups et ses révélations. Elle a une existence. C’est cela que j’ai voulu donner à entendre et à voir, des bribes de nos vies intérieures recouvertes le plus souvent par la folle marche en avant de nos vies en travail.

Que l’on partage peu. Et à peu de monde.

J’ai eu la chance de pouvoir connaitre mes grands-parents maternels.

En plus de toutes les attentions dont ils ont fait preuve à mon égard, moi leur première petite fille, j’ai eu la chance de pouvoir les connaitre, c’est-à-dire que j’ai pu avoir un dialogue avec chacun d’eux. Je leur ai posé des questions et ils m’ont répondu, avec difficulté parfois, tant les souvenirs que j’éveillais étaient douloureux. Mon père aussi m’a raconté certaines des expériences qui avaient marqué son enfance. J’aimais beaucoup quand il le faisait car soudainement il se révélait beaucoup plus vivant, c’était une autre personne qui surgissait devant moi, à la place de ce taiseux qui rentrait harassé du travail.

Habiter la hauteur est composé de quelques-uns de leurs souvenirs à mille distances des journées de mon enfance passée dans les arbres. Une façon de les rejoindre en quelque sorte, de leur rendre hommage et de transmettre par l’écriture portée par la voix de ma mère un aperçu de ce lieu où nos forces de résistance s’enracinent.

 

                                                                                                                                                                                                                               Juliette Bargès, 1er mai 2020