..........Journal du lien.........


   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mardi 31 Mars

 

On ne saurait toujours dire ce que c'est qui enferme, ce qui mure, ce qui semble enterrer, mais on sent pourtant je ne sais quelles barres, quelles grilles, des murs. Sais-tu ce qui fait disparaître la prison, c'est toute affection profonde, sérieuse. Etre amis, être frères, aimer, cela ouvre la prison par puissance souveraine, par charme très puissant.

Mais celui qui n'a pas cela demeure dans la mort.             Van Gogh

 

 

L'attente dans sa tension rêveuse une nouvelle fois réactivée par l'annonce de la rencontre. Une affaire de quelques jours. Décompte enclenché.

Les délices procurés par cette impatience raisonnée se valent pour elles-mêmes à l'heure de l'immédiateté programmée en même temps que la toute-puissance du manque. Temps de l'attente à se réapproprier le temps qu'il faudra pour vivre tout ce qui est à vivre et nous approfondit, nous augmente et nous allège en même temps. Nous transforme de sa capacité rayonnante et transitoire.

 

 

Lien qui ressemble à une prière toujours écourtée, un murmure inquiet, un lien qui s'enracine dans le tréfonds, au carrefour des années, sur l'abscisse du temps. On ne mesure rien, on prend le moment qui passe pour ce qu'il est, petites attentions de l'affect, mains dans le dos et desserts à emporter. Toujours doublé d'un fonds des larmes à venir.

 

 

Main de ton fils sur ta nuque, la main qui soutient, la main qui porte, la main qui se recharge. Un geste très tendre et éminemment naturel, que l'on fait sans s'en rendre compte, par automatisme, par habitude, par amour.

 

 

Trois petits mots qui retissent la toile du seul élan de leur vibration, trois mots rétrécis du quotidien, arrachés au courant continu des jours et des heures, le temps de leur insuffler le sens qu'ils peuvent encore avoir tant qu'ils ne sont pas complètement essorés par la répétition de l'usage : comment vas-tu scintille sur l'écran. Les tenir dans la clairvoyance de leur rayonnement. Quand le souci de l'autre est incitation au questionnement essentiel, puisque tu vas, comment se passe le voyage en ce moment ? Savoir que tu te poses cette question et que tu prends la peine de me la poser dans sa radicale nudité fait tinter d'une très courte et douce mélodie les fils qui nous relient.

 

(photo : série Les Malgré Moi)